Instant de normalité...enfin presque [PV]

**җ Messages** : 60 **җ Date d'inscription** : 31/07/2012

Le jeune brun eut un sursaut alors qu’un breuvage chaud vint brûler sa langue. Il avait eu les yeux plus gros que le ventre cette fois. Les pauses avaient toujours été quelque chose de difficile à appréhender pour le jeune nippon. L’inactivité avait toujours été cruelle pour lui. Elle lui permettait de se rendre compte de ses échecs, de réaliser qu’il n’était que rarement à la hauteur. De réaliser que reprendre le cours de sa vie signifierait se remettre à compter les dépouilles vidées de leur sang. Autant de pensées qui avaient toujours mis ses défenses à mal. Pourtant, il avait besoin de cette pause. Cela faisait trop longtemps qu’il était sur sa traque et s’il avait l’impression d’avancer, il devait avouer que la recherche de sa prochaine proie était plutôt épuisante. Et puis, le jeune homme se rassurait en se disant que la pause ne changeait pas grand-chose à son existence. Quoiqu’il arrive: Shun Takada restait Shun Takada.

Ca voulait dire, qu’il gardait le masque qui était le sien en toutes circonstances. Même lorsqu’il était seul dans un café, il n’était pas question pour lui de jouer aux solitaires tourmentés. Lorsqu’il relevait le regard, c’était souvent pour adresser une provocation silencieuse à une personne qu’il estimait un peu trop sereine pour y répondre. Contrairement à ce qu’il voulait faire croire, il n’était pas question de se battre. Pas contre un humain. Il aurait sûrement l’occasion d’en affronter bien assez tôt. Seulement, ça ne voulait pas dire qu’il n’était pas prêt à combattre si les choses devaient mal tourner.

Bien sûr, il n’était pas aussi lourdement armé qu’il l’aurait voulu. Epée et haches n’étaient pas conseillées lorsque l’on se retrouvait entouré d’innocents, bien sûr. Mais, cacher un poignard n’était pas bien compliqué. Et c’était sans compter son arme secrète. Si jamais un vampire entrait dans ce café avec l’idée saugrenue de faire son marché, il trouverait avec qui parler. D’ailleurs, Shun se surprenait même à espérer que quelque chose se passerait, qu’un vampire soit assez stupide pour se montrer dans ce café. Imprudent ? Probablement. Après tout, il n’avait pas l’avantage sur ses proies même lorsqu’il était armé jusqu’aux dents. Même son atout maître ne pourrait marcher que s’il jouait sur l’effet de surprise. Mais depuis le début de la traque de sa dernière cible, il n’avait pas tué. Ce qui voulait dire que depuis quelques semaines il n’avait pas empêché une seule de ces créatures de tuer. C’était difficile à encaisser.

Peut être n’aurait-il pas du prendre du café. Il aurait du plutôt prendre de l’alcool. Bien sûr, il n’était pas question d’être saoul à la fin de la soirée. Mais, on disait que c’était une bonne manière d’oublier ses soucis. Une bonne manière d’oublier de penser et de revoir l’image de la mort de tous ces innocents qu’il n’avait su protéger. Pendant un instant cette perspective fut des plus tentantes. Puis, Shun se rappela du serment qu’il s’était fait, le jour qui avait changé sa vie.

Il ne serait plus une victime.

Et il surmonterait aussi ses pensées noires si elles devaient le rendre vulnérable. Une nouvelle gorgée de son café vint ponctuer cette résolution. Se détendre, oublier les souvenirs qui n’avaient de cesse de le hanter et passer un moment de détente. Ca n’était pas si compliqué que ça. Du moins, ça ne devait pas l’être. Le monde pouvait bien attendre qu’il ait fini son café pour se remettre à tourner.

Ou pas.

Apparemment, il prenait trop de temps pour finir ce café aux yeux de cette jeune brune qui s’installait à sa table sans même prendre la peine de lui demander son avis, ni même s’il attendait quelqu’un. La réaction de Shun ne se fit pas attendre.

« C’est soirée speed-dating ? » Demanda-t-il, sarcastique. « Etrange comme décor. »

Un sourire en coin ponctua cette petite phrase. D’autres auraient peut être opté pour la version ours mal léché de cette réaction. Mais Shun était la personne la plus insupportable qu’il connaissait et il tenait à le rester. C’était sa manière de gérer une existence devenue un peu trop difficile. Ca n’avait pas de sens, certes. Mais c’était sa manière de voir les choses.

« J’adore le bronzage, au fait. »

Une manière de vexer la demoiselle sans trop en avoir l’air. Oh, l’espace d’une seconde, son teint blafard avait éveillé son attention, l’espace d’une seconde. Mais Shun n’allait pas gaver d’argent toutes les personnes qui n’avaient pas la chance de pouvoir bronzer. En fait, c’était même le signe qu’il passait trop de temps à pourchasser les morts-vivants et pas assez à rejeter les vivants à sa manière. Une pensée qui lui donna presque envie de se montrer moins désobligeants. Ca ou le charme magnétique de mademoiselle.

**җ Messages** : 76 **җ Date d'inscription** : 29/07/2012

La nuit venait lourdement de s'abattre sur la ville. Les amies pieuses rentraient chez elles pour préparer au plus vite leur dîner et se mettre au lit. Ainsi, ils évitaient les tourments de la vie nocturne. Les plus courageux que l'on pouvait aussi appeler insouciants, profitaient de leurs temps libres ou de leur jeunesse pour passer du bon temps. Ces personnes là, Vittoria en croisait tous les soirs. Il suffisait d'un battement de cils et avant même qu'ils n'aient conscience de quoi que ce soit, ils rencontraient la mort sans un mot, sans un bruit, quelque part ou personne ne viendrait les retrouver …

Semer des corps sans vie n'étaient pas dans l'habitude de la vampire, elle était discrète et réfléchie, pas comme ces jeunes « créations » qui n’arrivaient pas à retenir quelques pulsions meurtrières et qui attiraient le malheur sur leur race. Marchant dans la rue sombre sans adresser un regard à son buffet à volonté, elle se dirigeait vers un café qu'elle ne connaissait que trop bien.

Habituellement, elle s'y venait et observait du coin de l'oeil ceux que l'on appelait humains. Leur comportement était souvent risible, ridicule et passionné mais ils étaient étonnant dans la mesure ou leur vie était réduite, et que chaque seconde qu'ils perdait à boire ou à se plaindre, les menait plus rapidement encore à la mort. Ce soir là, Vittoria n'avait pas faim, non. L'envie de vider de son sang une pauvre victime n'était pas tentante sauf si celle-ci se trouvait être son fardeau de la soirée. Il était là, elle le sentait, une odeur particulière qui ne cessait de la suivre depuis quelques semaines. Elle avait l'impression d'être traquée, de ne pas vivre pleinement sa non mort, et d'une manière ou d'une autre, la belle savait qu'il fallait agir au plus vite.

Le tuer avant de finir en poussière ….

D'un regard éphémère sur la salle et elle le remarqua …. ça ne pouvait pas être lui …. Il était bien trop frêle … Si bien qu'elle avait l'impression de pouvoir le briser en moins de deux. Son affaire serait vite réglée. Ravalant un rire acéré, la brune au regard clair entra en action et s'avança vers celui qui l'amuserait sans doute beaucoup pour les heures à venir. Sans un mot, elle prit place à sa table, nonchalamment comme-ci elle n'avait pas remarqué sa présence. De toute manière, s'il n'avait pas été son chasseur, ce petit brun aurait été insignifiant à ses yeux. Sortant un livre, le posant sur la table, prenant la carte pour faire mine de choisir son prochain repas, la « jeune » femme savait qu'il ne manquerait pas d'intervenir. Généralement beaucoup de personnes n’appréciaient pas que l'on vienne émietter leur tranquillité – Aussi éphémère soit-elle.

Tombant dans la mare, la tête la première, c'est ce qu'il fit. D'un ton sarcastique et moqueur, il s'adressa à elle et la belle ne pu s'empêcher de jubiler intérieurement. Mimant la surprise un bref instant, elle pu enfin se confronter à lui, son regard croisant pour la première fois celui de sa proie. Il paraissait faible, jeune, fragile mais ses yeux noirs puaient l'obstination et l'acharnement. Intéressant, très intéressant même …. Dommage que ses paroles soient celle d'un crétin acerbe.

Toutefois Vittoria ne montra rien, jouant presque l'indifférente, détournant les yeux de lui comme-ci il n' avait rien d'intéressant:

-Si cela avait été une soirée speed-dating, j'aurais sans doute préféré sauter cette table …. L'odeur du café et les répliques à deux sous, pas pour moi …

Elle posa la carte aux desserts sur la table, se rendant compte que ce n'est pas avec une telle froideur qu'elle allait arriver à l'attirer dans son piège :

- Je ne vous avais pas vu malgré ce très joli … tee-shirt. Si ma présence vous dérange, je peux trouver une autre table mais … quitte à choisir … Je préfère le gamin sarcastique à l'autre sac à vin de l'autre coté.

Le café était plein sans doute du à la fin précipitée d'un concert non loin de là :

- Au meilleur des cas, on essaye de cohabiter ensemble pendant les dix prochaines minutes, ce n'est pas la mort, du moins pas encore …

Pour la première fois de la soirée, elle se mit à sourire légèrement, posant à nouveau son regard sur le chasseur brun. Sa phrase sur le ton de l'humour n'était pas anodine, elle aimait lancer ce genre de menaces déguisées que personne ne comprenait mis à part elle.

- Et si cela vous peut faire plaisir, je suis prête à donner de ma personne et vous offrir un petit quelque chose à manger.

Le sang avait meilleur goût quand la victime venait de déguster un bon repas … Ce qui passait pour de la gentillesse, n'était en fait qu'un moyen de gagner sa confiance et le mener doucement là ou elle le voulait. Si sa faim à elle n'était pas présente, elle apparaîtrait sans doute très prochainement sachant qu'il tomberait peut-être dans son piège bien tendu.

**җ Messages** : 60 **җ Date d'inscription** : 31/07/2012

La réaction de la demoiselle ne se fit pas attendre. Froideur et indifférence. Voilà qui n’était pas très étonnant. Toutes les répliques à « deux sous » qu’il imaginait étaient pensées dans ce but. Il n’y avait pas meilleur moyen de mettre fin à une cohabitation qu’il n’avait pas voulue. Si ce n’était bien sûr, vexer la jeune femme. Mais pour ça, apparemment, il fallait plus qu’une petite remarque sur son teint. Pour la défense de Shun, il n’avait plus vraiment l’habitude de la compagnie humaine depuis qu’il s’était mis à chasser. Et jusqu’alors, il n’avait pas souvent eu affaire à des modèles de maturité. Autant dire, que la psychologie n’était pas son fort.

C’est pour ça qu’il fut surpris par la manière dont elle poursuivit la conversation. Shun s’était déjà préparé à lui céder la table et à retourner à la nuit. Mais c’était sans compter sur ce qu’elle lui dit ensuite. Il leva un regard sur le dit « sac à vin » et haussa les épaules avec un vague sourire. Il était vrai qu’il était toujours de meilleure compagnie qu’un ivrogne sans vocabulaire. Ce qui voulait dire qu’il ne servait probablement à rien de se montrer désagréable. Après tout, il n’allait pas la chasser de ce café. Ca serait une bonne manière de s’attirer les foudres du gérant.

Restait la solution qu’elle lui proposait. A savoir cohabiter jusqu’à ce qu’ils en aient fini avec ce café. Ca n’engageait à rien. Du moins tant qu’il ne s’agissait pas d’échanger les numéros. Et puis, comme elle le disait, ça n’était pas la mort. Du moins pas la sienne. Les quelques passants qui serviront de repas à son vampire, par contre, n’ont pas de chance. Rien qu’à y penser, il avait envie de bondir hors de son siège et de repartir à la chasse. Seulement, vu son attitude jusqu’alors, il ne pouvait pas quitter la table sans piquer la curiosité de la demoiselle. Au mieux, il la vexerait. Son égo blessé la titillerait quelques instants puis elle déciderait que ce « gamin » sarcastique ne valait pas la peine que l’on perde du temps à essayer d’apprendre à le connaître. C’était ce que Shun espérait, au fond. Il n’aimait pas le rejet plus qu’un autre mais c’était la meilleure manière d’écarter quelqu’un sans trop se salir les mains. Malheureusement, ce n’était pas la seule possibilité qui s’offrait à elle face à un jeune homme fuyant brusquement.

L’autre alternative était que la curiosité l’emporte sur l’humiliation. Et dans ce cas, elle se mettrait en danger. Shun risquait de tomber dans une embuscade à tout moment. Sa proie semblait plus intéressée par l’idée de brouiller les pistes pour l’instant mais il n’était à l’abri de rien. Il ne pouvait pas lui faire courir un tel risque. Au moins dans ce café, aucun vampire n’attaquerait. Les morts vivants ne prendraient pas le risque de révéler leur existence au grand jour. Le mieux à faire était d’abandonner cette soirée de chasse. Ou du moins de l’ajourner.

Quelle joie.

Heureusement pour lui, la jeune brune lui proposait une alternative. Ce qui voulait dire qu’il n’aurait pas l’occasion de s’éclipser lorsqu’il aurait fini son café. Mais ce n’était pas ce qui le frappa le plus. Apparemment cohabiter impliquait apprendre à se connaître. Du moins, c’était pour ça qu’elle l’invitait à dîner avec elle.

« Je vois que vous essayez de me prendre par les sentiments. »

Ironisa le jeune homme. Comme son physique le laissait imaginer, Shun n’était pas un grand mangeur. Au contraire, ses angoisses avaient tendance à lui nouer l’estomac. On ne pourrait pas l’amadouer en utilisant son appétit contre lui. Par contre, il était vrai que lorsqu’une personne aussi charmante faisait une telle invitation, il était plus difficile de refuser. Et surtout, il avait décidé de ne pas être désobligeant, après tout.

« Puisque c’est proposé si gentiment, je ne peux qu’accepter. » Lui dit-il ensuite avec un léger sourire. « Ca sera à charge de revanche, par contre. »

Bien sûr, c’était une formule de politesse plus qu’autre chose. Moins ils se voyaient, mieux elle se porterait. Et de toute façon, il n’avait aucune manière de la recontacter. Il ne connaissait pas encore son nom d’ailleurs. Ca ne saurait tarder, certes. Mais Shun pouvait aisément « oublier » de lui donner rendez-vous. Ou alors finir complètement débordé. A moins d’un malheureux hasard, il n’aurait jamais l’occasion de lui rendre la pareille.

« J’espère quand même que ça n’est pas une habitude d’inviter les gamins sarcastiques à dîner. » Lui dit-il avec un sourire en coin. « Pas que je doute de mon charme. Mais… »

Il ne pouvait pas dire que c’était flatteur d’être la seule alternative à des ivrognes sans conversation. Mais c’était la perspective la moins inquiétante. Shun refusait d’imaginer que la demoiselle ait fait toute cette mise en scène pour attirer son attention et l’inviter à dîner. Ca voudrait dire qu’il devrait mettre un terme à ses espoirs, le plus vite possible. Cette perspective l’inquiétait un peu. La séduction et ses codes étaient loin d’être son plus grand talent.

**җ Messages** : 76 **җ Date d'inscription** : 29/07/2012

La jugulaire légèrement palpitante ... Entendre la pression sanguine de ce jeune homme commençait peu à peu à réveiller ses sens. Il était facile pour Vittoria de se contrôler et de ne pas sauter sur la première personne venue mais connaître le destin de son petit camarade de jeu l’excitait en tout point. Bientôt, elle pourrait planter ses crocs dans cette chair si tendre et sentir sa vie s'envoler, doucement, tout doucement. Elle prendrait son temps …

Le sang de chasseur avait toujours eut un effet monstre sur elle. Peut-être était-ce du à la satisfaction qui en découlait quand elle en tuait ? Ou bien était ce la cette jubilation qui vous faisait atteindre le nirvana en quelques secondes ? Qu'importe, le plaisir serait à son comble et qui qu'il soit, celui-ci n'échapperait pas à la règle. Il serait son …. trentième ! A moins que ce ne soit son quarantième …

Avec le temps, la vampire oubliait et évitait de se rappeler les âmes qu'elle avait pu dévoré surtout quand celles-ci tentaient de défaire le monde de son fardeau. Elle appréciait les tuer, et s'amusait à ce que leur calvaire dure suffisamment mais dans un sens, ils étaient en quelque sorte les martyrs du genre humain. Ceux qui se sacrifiaient pour tenter de sauver le plus grand nombre. Ils étaient idiots d'agir de la sorte, certes mais ils avaient ce mérite qu'elle n'aurait jamais. Dans son monde égoiste, ces hommes, ces femmes, ces fous n'avaient pas lieu d'être et d'une manière ou d'une autre, elle leur rendait service. Ils n'aimaient pas cette terre parce que sa race était présente, et bien, elle les enverrait ni une ni deux au paradis.

Oui, c'est sans doute là ou devaient aller ce genre de personnes insouciantes et altruistes.

Se faufilant hors de ses pensées, elle se décida d'écouter un moment ce que cet amas de chair avait à lui dire. De toute évidence, sa petit tentative de rapprochement discrète avait réussi. Il acceptait de lui servir de dîner … Non, non, pardon, il acceptait son invitation à dîner. La différence était énorme et il fallait qu'elle arrive à se contenir, qu'elle n'ai pas ce genre de lapsus, du moins tant qu'elle ne serait pas sure qu'il n'ai pas d'armes pour se défendre.

Pour arriver à ce moment de gloire, il fallait obtenir sa confiance absolue et là, c'était la chose la plus difficile à obtenir en ce monde.

Comment les humains agissaient-ils pour obtenir ce cadeau si précieux ?

D'après ses souvenirs, il fallait être … gentil. Quelle action horripilante …. Et se montrer avenant et courtois. Le pic de froideur qu'elle était serait insuffisant pour le mettre dans sa poche. Pourtant cela marchait avec les autres hommes. Quelle stratégie emprunter ? Jouer la belle intouchable ou se montrer sous un visage un peu plus attrayant ? Elle n'en savait rien et se voir tourmenter de la sorte pour tuer un petit chasseur la fit soudainement rire. Bien sur, il lierait sans doute cette réaction à la petite remarque qu'il venait de faire mais il n’en était rien. Il était si rare que quelqu'un la fasse vraiment rire ou sourire depuis le temps. D'ailleurs …. Doucement ses lèvres se plièrent pour former la marque d'un contentement que les humains appréciaient au plus haut point.

A ce niveau, elle avait tendance à simuler mais personne ne remarquait jamais rien. Un comble …

« Pour dire vrai, j'ai l'habitude d'inviter à dîner tous les hommes que je croise …. On ne dirait pas mais je suis une vraie menthe religieuse …. D'ailleurs, vous êtes bien parti pour être ma prochaine victime ... »

Vittoria remit une mèche de cheveux en place et planta son regard bleuté dans celui de son compagnon. Ce regard qui ne laissait personne indifférent.

« Non, je plaisante … Je n'ai pas vraiment l'habitude de me comporter ainsi surtout avec ceux du genre XY … C'est même très rare, dirons-nous. Vous n'avez pas eu de chance que mon désir de sociabilité tombe pile au moment ou vous vouliez rester seul »

voilà maintenant qu'elle jouait les fausses timides. Peut-être n'était ce pas la meilleure des méthodes à employer ce soir. Manque de pot, elle ne pouvait pas retourner en arrière :

« il ne fallait pas jouer du sarcasme avec moi … J'adore ça … Vous auriez du jouer les petits agneaux pour ne pas que je reste à vos cotés »

Ses yeux clairs se plissèrent un moment et elle ajouta un brin taquine :

«Ne vous en faites pas, je ne vous demanderais qu'une soirée de votre vie, pas plus …. Je ne revois rarement les gens sauf avec qui je partage de vrai coup de cœur. C'est chose rare »

Elle poussa la carte des mets vers lui, la faisant glisser sur la table :

« Prenez ce qui vous fera plaisir …. Ma bonté ne se reproduira plus de sitôt …. »

Hum, La vampire lui offrait son repas certes, mais elle espérait qu'il ne fasse pas attention à ce qu'elle ne mange pas en même temps que lui. Les soupçons pourraient très vite éclatés dans ce cas sur son petit secret. Et il ne valait mieux pas que cela se passe en public dans un restaurant bondé.

Quelle tristesse de devoir tous les tuer si cette possibilité se présentait à elle .

**җ Messages** : 60 **җ Date d'inscription** : 31/07/2012

Entendre la demoiselle rire avait quelque chose d’agréable. Bien sûr son rire avait quelque chose de mélodieux, mais ce n’était pas tant ça qui lui faisait de l’effet. Shun éprouvait un sentiment de satisfaction à savoir qu’il pouvait l’amuser. C’était mauvais. Il n’y avait pas de mal à trouver une compagnie agréable, certes. Mais c’était quelque chose qu’il n’avait jamais eu à gérer avant. Saurait-il couper le cordon lorsque viendrait le temps de se dire adieu ? Oh bien sûr, il faudrait plus que quelques heures au jeune nippon pour s’attacher. Par contre, c’était plus qu’il n’en fallait pour avoir envie de revoir celle qui se présentait comme une mente religieuse.

Et cette envie ne pouvait pas être assouvie évidemment. D’autant plus si comme il le soupçonnait son vampire l’observait. Pour un chasseur attache rimait avec cible facile. Shun ne pouvait pas faire subir à cette demoiselle une vie faite de danger parce qu’elle lui plaisait quelque peu. Et puis, même si on négligeait le danger, Shun était un homme qui voyageait beaucoup –il avait traversé l’Asie et l’Europe en quelques années seulement- et il changeait d’identité assez régulièrement. Pour les relations suivies, ça n’était pas l’idéal. Loin de là.

Et puis avant d’y penser, il fallait qu’elle soit intéressée par quelque chose entre eux. Shun avait beau avoir les yeux plantés dans les saphirs de cette belle brune, il n’arrivait pas à déceler la moindre de ses émotions. Etait-il aveuglé par l’éclat de son regard ? Il fallait dire qu’il avait quelque chose de magnétique. Plus le temps passait, plus Shun avait l’impression d’être un adolescent qui croisait une femme pour la première fois. Ce qui n’était pas très loin de la réalité, en fait. Difficile d’avoir une aventure lorsque l’on était hanté par l’image de cadavres vidés de leur sang et les visages figés dans une expression de terreur et de douleur. Ce qui était plus gênant c’était qu’il s’enflammait lentement mais sûrement.

Ca l’était d’autant plus que les intentions de la jeune femme étaient claires. Malgré les plaisanteries qu’elle faisait, il était évident qu’elle cherchait simplement de la compagnie pour se distraire. Ca ne devait pas aller plus loin, ce qui arrangeait plutôt Shun. Et ce, même s’il faisait une moue lorsqu’elle lui avoua ne pas avoir les gens plus d’une fois. Un sarcasme non verbal que la jeune femme apprécierait sûrement.

Enfin, le temps vint de passer commande. Par politesse, son hôte lui proposa de passer commande en premier, à sa manière.

« Encore heureux, vous pourriez regretter cet instant de bonté. »

Un sourire en coin ponctua cette petite phrase. Oh il n’avait aucune arrière pensée particulière au contraire. C’était une manière de se « moquer » gentiment de la froideur habituelle de la demoiselle. Mais l’admettre aussi facilement n’avait pas grand-chose d’amusant.

« Vous savez. Normalement, j’aurais du profiter de l’occasion pour vous ruiner. Histoire de me venger. Vous dites que je n’ai aucune chance d’être l’un de vos quelques coups de cœur. » Ou du moins, c’était comme ça qu’il avait pris ses explications, censées le « rassurer ». « C’est vexant. »

Le jeune homme lui adressa une mine faussement affectée. La vérité, c’était que même s’il prenait « mal » ses paroles, ça ne le blessait pas plus que ça. Au vu de ce qu’elle lui avait dit un peu plus tôt, il était un peu jeune. Et comme il n’était pas question qu’il se passe quelque chose entre eux, il n’avait pas de raisons de vouloir la séduire. Il n’avait pas besoin de ça pour flatter son égo. Et puis, il fallait dire que l’absence d’ambiguïté rendait les choses plus simples. Il avait beau la trouver charmante, Shun était tout de même libéré par la certitude qu’il ne se passerait rien de plus qu’un petit dîner à deux. Et puis de toute façon…

« Heureusement pour vous, je ne peux pas en vouloir à une amoureuse du sarcasme. » Le jeune homme leva les yeux au ciel et poursuivit dans un soupir. « C’est ma grande faiblesse. Le drame de ma vie. »

Bien sûr il exagérait. Mais il était tout de même bien content qu’elle ne voit qu’en lui une distraction éphémère. Il n’aurait pas à se demander comment agacer quelqu’un qui appréciait ses répliques à deux sous. Pas ce soir, en tous cas. Il évitait une situation très compliquée. Du moins, il aurait fini par l’éviter lorsqu’ils se sépareraient. N’était-il pas encore temps de prétexter un rendez-vous pour s’éclipser ? Son portable n’était pas près de sonner apparemment. Soit.

« Bon, je vais quand même honorer votre invitation avant que vous ne changiez d’avis. »

Sur ces mots, il regarda les plats disponibles. Malheureusement, il ne pouvait pas dire que la carte l’inspirait beaucoup. La plupart des plats étaient beaucoup trop riches pour un Shun qui n’avait pas énormément d’appétit. Seulement, s’il mangeait trop léger, il donnerait l’impression d’être intimidé par la jeune femme. Ce qui rendait son choix assez difficile. Après quelques secondes, il finit par se décider.

« Je suis bien tenté par leur bœuf, en espérant qu’il ne soit pas trop saignant. » Il leva ensuite brièvement son regard vers elle avant d’ajouter. « Avec des légumes, ça ira très bien. »

Mine de rien, manger de la viande avait quelque chose de très troublant. C’était quelque chose de naturel. Mais il avait l’étrange impression de voir son repas comme un vampire voyait les humains. C’était l’une des raisons pour lesquelles il n’avait pas le cœur de détester les créatures de la nuit. Au fond, il savait que son combat n’était pas une lutte du bien contre le mal mais la guerre éternelle de deux espèces qui prétendaient à la tête de la chaîne alimentaire. Si la survie de quelques innocents était une bonne motivation pour tuer des vampires, il ne pouvait pas leur reprocher de manger de l’humain comme il choisissait de manger du bœuf. Les humains qui leur venaient en aide par contre c’était une autre histoire.

Une histoire qui n’avait pas sa place pour l’instant. Shun essayait tant bien que mal de cacher le fond de ses pensées. Ca faisait bien longtemps que ça ne le perturbait plus mais un morceau de viande n’avait aucune raison d’entamer sa bonne humeur, après tout. Le jeune homme fit glisser la carte vers la jeune femme sans un mot.

« J’espère qu’il vous reste de l’appétit malgré votre bonté. » Lui dit-il alors. « Ca ne me dérange pas que vous m’admiriez, au contraire. Mais me regarder manger n’est un spectacle très…plaisant. Beaucoup moins que mes sarcasmes, en tous cas. »

**җ Messages** : 76 **җ Date d'inscription** : 29/07/2012

Vittoria observait chacun des gestes de ce petit humain, il était si naif, si inconscient que cela en devenait presque risible ou ridicule. Pourtant quelque chose en lui la troublait. Peut-être était-ce son naturel, sa simplicité ou tout simplement ses deux prunelles brunes qui semblaient la sonder à chacun de ses regards. Dommage que son passage sur terre ne soit si court. Il aurait pu être une compagnie agréable. Qu'importe, elle ne devait pas penser ainsi, il n'était qu'un ennemi de plus à tuer ... un repas de plus à ingérer. Il était l'un de ceux qui rêvaient de lui faire fermer les yeux à tout jamais. Alors pourquoi l'apprécier ? Pourquoi le considérer autrement qu'une future victime.

La tueuse sanguinaire qu'il pensait poursuivre n'en n'était pas vraiment une. Elle n'était du genre de ses compères qui tuaient sans compter les pauvres idiots qui croisaient leur route. La seule chose pour laquelle elle se permettait d'ôter la vie était simplement pour conserver la sienne et pouvoir voir la prochaine lune. Un spectacle tellement commun mais que peu de personnes appréciaient à sa juste valeur. Quelle tristesse. Les dommages collatéraux étaient obligatoires et impossible à éviter. Elle se devait de vivre pour retrouver celui qui avait animé sa vie en un souffle. Le revoir à nouveau était sa priorité … Alors, tant qu'elle n'aurait pas atteint son but ultime, le sol ne se nourrirait pas de sa poussière. C'est une promesse que le vampire s'était faite.

Ce chasseur, cette âme solitaire la poursuivait depuis quelques temps déjà, pourtant la seule raison valable qu'il avait trouvé pour la tuer, n'était pas le nombre de cadavres qu'elle laissait sur sa route mais le fait même qu'elle soit un vampire. On lui avait parlé de ce fardeau, de cette plaie de devoir vivre en aspirant le fluide de vie d'un autre. Les ennemis lui avaient aussi décrits comme étant des proies à tuer sans compter. C'est ce qu'elle faisait aveuglément car il se pouvait que par leur faute, elle ne revoit jamais son amour si l'un d'eux réussissait à lui faire voir le soleil ou à lui faire boire un de ces élixir de la mort. Dieu que la vie était terrible. Le sacrifice était omniprésent des deux cotés et pourtant l'entente aurait pu se faire si humains comme vampires avaient su être moins bornés, il y à de ça quelques siècles ….

Le jeune homme lui parlait mais les mots lui importaient peu. Un problème bien plus grave que ne pas écouter une discussion se présentait à elle. La carte devant les yeux, faisant mine de réfléchir, elle se demandait comment simuler un repas sachant que cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas dégusté autre chose que ce délicieux nectar …. La nourriture humaine la rebutait …. Du moins, c'est ce qu'elle croyait juste avant de frémir quand elle l'entendit parler de sa pièce de bœuf qui aurait pu être saignante à souhait. Heureusement que les années lui avaient appris à se contrôler. Si cette scène s'était déroulée des décennies en arrière, elle se serait sans doute lécher les babines sans vergogne avant de se jeter à la gorge de son invité.

Une chance pour eux qu'elle soit devenue plus mature et patiente …

Il fallait encore préserver les apparences et éviter les pulsions dangereuses …. Le restaurant présentait des mets qui auraient sans doute pu faire saliver les moins gourmands mais tout ce qu'elle ressentait actuellement, c'est ce dégoût incommensurable qui lui froissait l'estomac et le cœur.

Que choisir ? Que faire ? Fuir ? Prétexter une fatigue soudaine ? Simuler ?

Le choix était vaste mais pourtant si difficile, il fallait couvrir ses arrières tout en passant pour une humaine des plus normales. Même sans le savoir, il lui rendait la tâche ardue. Se mordant discrètement la lèvre inférieure, ses yeux passait d'un plat à un autre. Si elle s'écoutait, elle aurait pris une steak de bœuf saignant mais … Sans le bœuf ! Pourtant si la belle agissait ainsi, il était facile de deviner qu'elle n'était pas celle qu'elle prétendait être. Et là, la guerre avec le beau brun serait enclenchée ! Il valait donc mieux éviter d'allumer la poudre tant qu'elle le pouvait. Vittoria avait le contrôle et elle comptait bien le garder jusqu'à ce qu'elle plante ses deux jolis crocs dans son cou si tentant.

D'un geste gracieux, elle appela une serveuse qui passait non loin d'eux. Plantant ses yeux dans les siens, elle prit alors la parole d'une voix trop douce pour être honnête.

« Nous voudrions …. « Une carafe de O positif ... » « une carafe de O positif » lui intima de demander sa conscience.

Elle laissa sa phrase en suspens et ferma les yeux, légèrement agacée :

« Nous voudrions votre pièce de bœuf "bleu", ses petits légumes et une … soupe à la tomate, et pour finir une religieuse chocolat… Merci »

La belle brune rouvrit les paupières pour à nouveau capter le regard du Nippon tandis que la serveuse prenait déjà congé sans leur demander s'ils voulaient des boissons pour accompagner leur 'délicieux' repas :

« J'ai toujours très très faim mais j'ai du attrapé un petit quelque chose, ce soir, je ne me sens pas d'humeur à avaler un éléphant ... »

Une menteuse née, un talent qu'elle avait hérité de sa mère qui n'hésitait pas à mentir à son mari, prétextant aller visiter une amie alors qu'en vérité, elle jouait à « attrape-moi si tu peux » avec un autre richard d'une famille voisine. Toutefois, la demoiselle n'était pas aussi doué que son ancêtre. Souvent quand elle se prêtait à ce jeu délicat, une adorable petite fossette se dessinait sur sa joue.

« Je ne voulais pas vous vexez avec mon histoire de coup de cœur, et puis rien n'est encore dit que vous n'en soyez pas un. Vous savez tout est encore à écrire alors qui sait ? »

Tout est encore à écrire ?

Non, tout était déjà écrit depuis le moment ou elle était entrée dans cette brasserie. Il faudrait vraiment un coup de chance monstre à cet homme pour qu'il lui échappe et qu'il s'en sorte vivant ce soir. Cette chance serait impossible. Les chasseurs étaient souvent de pauvres miséreux qui finissaient toujours par mourir de de la plus triste des manières par celui qu'ils avaient combattu en vain . Le combat était souvent gagné d'avance et il en serait de même pour …. Pour …. Comment s'appelait-il déjà ? Il lui semblait soudainement qu'ils avaient raté l'étape la plus importante de leur rencontre. Les présentations. Tout commençait par là et si elle voulait qu'il lui fasse confiance ne serait-ce qu'un peu, il fallait sans doute qu'il puisse associer un nom à sa personne.

« Monsieur le roi du sarcasme aurait-il un prénom? Ou préfère-t-il resté à mes yeux l'inconnu énigmatique du café ? »

La serveuse vint couper cette nouvelle tentative d'approche, apportant une carafe d'eau et quelques morceaux de pain. Sans un mot, Vittoria leva les yeux vers elle et lui lança un sourire étonnant.

Ses iris plantés dans les siens, elle ne broncha pas, entamant l’exercice qu'elle adorait le plus depuis qu'elle était devenue vampire. Hypnotiser les humains pour leur faire faire ce qu'elle voulait. La belle aurait pu faire de même avec son chasseur mais le mérite de l'avoir saigné à blanc avec ce petit atout ne lui aurait apporté aucun plaisir. Vu son son âge et l’entraînement assidu qu'elle avait reçu, elle n'avait pas besoin de discourir pour donner son ordre. Il fallait seulement qu'elle intègre sa volonté dans la petite caboche de la jeune femme. Ce que la brune fit sans que son invité ne puisse sans rendre compte. Au du moins, elle espérait qu'il n'ait rien compris de ce moment de silence un peu pesant et de regards appuyés

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Sans lui répondre, la jeune femme leva la main pour appeler une serveuse. Shun découvrirait son choix en même temps que la demoiselle en question, apparemment. Ce qui, heureusement ne tarda pas à arriver. Et lorsque ce fut le cas, il se passa une chose étrange. Pas de quoi crier vampire, non. Mais la brune semblait…indisposée. Pourtant, la serveuse n’avait rien d’incommodant. Du moins pas aux yeux de Shun. Elle était de ces jeunes femmes ordinaires qui travaillaient dans ce genre d’établissements. Elle était un peu fatiguée, certes, mais pour l’instant, Shun ne voyait pas ce qui pouvait troubler la demoiselle qui l’accompagnait.

Cette réaction étrange de la belle brune ne dura pas bien longtemps. D’un ton doucereux, elle passa commande. Pour une personne. Apparemment, elle n’avait rien entendu de ce qu’il lui avait dit et lui infligerait donc la situation gênante qu’était manger devant quelqu’un qui ne mangeait pas. Oh, il ne s’inquiétait pas du regard des autres, mais vis-à-vis de la brune, c’était limite. Il avait l’impression qu’on lui faisait la charité. Ca n’était pas très agréable pour le jeune homme.

Ce qui l’était encore moins, c’était l’attitude de la serveuse. Shun était bien placé pour le savoir, lorsqu’il s’agissait de servir, l’important était dans l’attitude. Tout le monde avait ses soucis, même lorsqu’on ne traquait pas de vampire. Seulement, un serveur devait toujours se montrer agréable. Shun n’avait rien à faire de sa froideur. Il avait l’habitude qu’on le traite avec hostilité. C’était ce qu’il recherchait après tout. Sa compagne d’un soir, par contre, elle, pouvait moins bien le prendre. Pour une raison étrange, cela avait une importance pour le nippon. Même s’il n’avait aucune raison de s’inquiéter puisqu’elle ne semblait pas troublée outre mesure par ce qui venait d’arriver.

Troublé, lui l’était de plus en plus par ces yeux bleus qui captaient de nouveau ce regard. Shun commençait à réaliser ce qu’il perdait dans sa traque aux vampires, ce à quoi il devait renoncer. Et ça n’était pas agréable. Shun regrettait presque de ne pas savoir faire du charme. Il était bien tenté de « jouer » avec la demoiselle et de voir où ça les mènerait. Heureusement, il ne savait pas le faire. Le jeune homme connaissait trop bien le prix de la réussite dans ces cas de figures.

Le mensonge.

Il le savait pertinemment, même s’il parvenait à charmer la belle brune. Même s’il parvenait à faire durer la « magie » jusqu’au lendemain, toute relation était vouée à l’échec. Pourtant, il n’arrivait pas à mettre ces idées ridicules de son esprit.

A croire qu’il devait faire des cauchemars pour comprendre.

Il ne faisait aucun doute qu’elle hanterait ses prochains rêves, maintenant. Oh, ça n’avait rien de romantique. La brune était juste un visage connu désormais. Les visages connus étaient l’objet des rêves les plus horribles. Chaque personne qu’il croisait était une victime potentielle. Son inconscient en avait un peu trop conscience. Si pour l’instant, il parvenait à ne pas voir un avenir funeste à la jeune brune, Shun aurait peur de s’endormir ce soir.

D’ailleurs, la frayeur du jeune homme s’insinuait au fur et à mesure que son cœur palpitait à cause du regard de la demoiselle. Raison de plus pour écourter ce manège le plus vite possible. Une idée qui devenait si obsédante qu’il en oubliait même de répondre à la jeune femme.

En effet, le nippon si éloquent et sarcastique jusqu’alors cligna plusieurs fois des yeux comme un animal pris dans les phares d’une voiture alors qu’elle lui disait ne pas avoir faim. Cette excuse, bien qu’habile aurait du attirer l’attention du jeune homme. Mais tout ce qu’il trouva à dire, c’était répondre avec toute la sincérité du monde.

« Partageons la religieuse, au moins. » Demanda-t-il. « Vous ne pouvez pas manger d’éléphant mais un petit peu de chocolat ne vous tuera pas. »

Le jeune homme fit mine de réfléchir, mais il n’eut pas le temps de finir son petit trait d’humour. La jeune femme s’excusa de l’avoir « vexé ». Si elle savait. Shun ne demandait qu’à ce qu’elle le voit comme un gamin sarcastique, distrayant sans être assez intéressant pour n’être plus qu’une distraction. Parce qu’il ne pouvait pas être plus que cela. Il ne pouvait même pas être distrayant régulièrement. Il ne devait pas donner l’illusion d’avoir une fréquentation. Ca serait le pire qu’il pouvait faire. Comment se remettrait-il si un vampire attaque celle qui n’était qu’une charmante anonyme en croyant l’atteindre ? Shun ne préférait pas avoir la réponse à cette question. C’était une bonne raison pour vouloir lui éviter une place de choix dans la rubrique nécrologique.

En parlant de ça. Il n’était même pas sûr de la reconnaître s’il lisait son histoire dans un journal. Pour la bonne raison qu’ils n’avaient même pas fait leurs présentations. Shun était si préoccupé par l’idée que les choses aillent trop loin qu’il en oubliait même d’être poli. Heureusement, il avait affaire à quelqu’un qui se débrouillait à peine mieux que lui. La jeune femme était plus douée lorsqu’elle fonctionnait au culot.

D’ailleurs, il semblait que le destin était d’accord. La serveuse revint pour interrompre leur conversation. Mais la jeune brune ne se démonta pas. Elle lui adressa un sourire désarmant. Mais ce qui était étrange, c’était la réaction de la serveuse.

Bien loin de continuer son travail, la demoiselle soutint le regard de la jeune brune. Shun avait presque l’impression d’avoir affaire à une souris qu’un serpent avait hypnotisée. Pourtant, vu de l’extérieur, il n’y avait rien de particulier. C’était étrange, mais à cause de son manque d’expérience, Shun ne s’inquiéta pas plus que ça. Oh bien sûr, l’autre exemple d’hypnose qu’il connaissait lui traversa l’esprit. Mais, bien loin de s’alarmer, il se contenta de rompre le silence.

« C’est le grand amour entre vous, on dirait. » Ironisa-t-il avec un sourire en coin. « Je peux vous laisser, si vous voulez. »

Il était vrai que la situation avait un petit quelque chose de cocasse. Mais Shun trouvait la chose amusante. Certains auraient été gênés de se faire voler la vedette de cette manière. Mais le jeune homme, serait presque soulagé que les deux jeunes femmes finissent la soirée ensemble.

« Bon mon nom vous intéresse toujours, ou je me contente de tenir la chandelle ? »

Si l’expression du jeune homme était un brin plus fermée, son regard brillait d’une lueur malicieuse. Du moins, jusqu’à ce qu’il pose son regard sur la serveuse. Son attitude avait quelque chose d’étrange. Mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Les coups de foudre n’avaient pas d’effet aussi dévastateur, si ?

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